Discours de l'Ambassadeur Oudiane aux journées culturelles Serigne Touba à Bréscia

Publié le par L'Ambassade du Sénégal près le Saint Siége

oudiane 1SERIGNE MAME MOR MBACKEMOURTADA,MADAME LE MINISTRE,MONSIEUR LE REPRESENTANT DE LA COMMUNE DE BRESCIA,
MONSIEUR L’AMBASSADEUR,
HONORABLES INVITES,
MESDAMES ET MESSIEURS
Je suis ici, devant Vous, en un de ces instants privilégiés, pour célébrer et honorer la solennité de l’évènement et l'exceptionnel charisme de son parrain, le vénéré Cheikh Ahmadou Bamba.
         C’est, pour moi, un grand honneur et une fierté, de prendre la parole aujourd’hui, à l’occasion de la journée culturelle que la Commune de Pontevico dédie au Saint Homme, un homme dont la dimension spirituelle dépasse le cadre du dialogue islamo-chrétien.
            j’aimerais avant tout saisir l’occasion pour saluer respectueusement et remercier Serigne Mame Mor MBACKE mourtada de son invitation, saluer et souhaiter chaleureusement la bienvenue, à Madame Ngoné NDOYE, Ministre des Sénégalais de l’Extérieur, à qui j’adresse mes hommages déférents, ainsi qu’à toutes les personnalités que je vois autour de nous.
        A présent, je voudrais, sans plus tarder, vous faire part de quelques observations qui m’ont été suggérées par le thème de notre rencontre, à savoir« Dialogue interreligieux et immigration ».
Nous, Sénégalais, savons tous que le véritable début du dialogue islamo-chrétien émane du Concile Vatican II, sur la requête des Evêques africains, et sénégalais en particulier, qui ont exprimé le désir d’inscrire dans la réflexion la question de la coexistence entre les religions, qui était une réalité qu’ils vivaient tous les jours.
« La déclaration sur la relation de l’Eglise avec les religions non chrétiennes »(en latin Nostra Aetate) du Concile Vatican II, promulguée par le Pape Paul VI en octobre 1965, commence par une phrase sans compromis : « l’Eglise a une grande estime pour les musulmans ».
           Les raisons en faveur de cette estime pour les musulmans, que mentionne ce document, sont : leur adoration de Dieu, leur engagement à livrer leur vie -Islam signifiant abandon, soumission- à la volonté de Dieu, leur vénération pour Jésus Christ (Insa Ibn Mariam) et sa mère, la Vierge Marie (Sourate 19 verset 98 Mariam du Saint Coran), leur foi dans la résurrection des morts et dans le jugement par Dieu. Nous pouvons y ajouter les raisons supplémentaires que voici : la prière, l’aumône et le jeûne, trois des piliers de l’Islam.
Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, une position officielle a été prise par rapport à l’Islam.
           Le Concile donna par conséquent mandat aux chrétiens et aux musulmans de surmonter les conflits historiques et de s’unir pour coopérer dans quatre domaines-clés de la vie sociale : « la paix, la liberté, la justice sociale et les valeurs morales ».Des réunions entre chrétiens et musulmans au niveau local, national et régional, complétées par d’autres, de caractère international, ont depuis lors représenté les premiers pas dans l’effort de surmonter des siècles de peur et de suspicion entre les disciples des deux religions, qui ont Abraham comme père commun dans la foi.
           Par ailleurs, Les années du Concile Vatican II (1962/1965) ont coïncidé avec le début de la grande immigration des musulmans vers l’Europe de l’Ouest du fait de l’expansion rapide de l’économie européenne dans les années 60 (contrats de travail avec divers Etats à prédominance musulmane). Les pays méditerranéens, tels que l’Italie et l’Espagne, édifiés sur une tradition fortement influencée par le christianisme, ne firent l’expérience d’une immigration musulmane importante venant d’Afrique du Nord, de Turquie, du Pakistan, de l’Inde, du Proche-Orient ou de l’Afrique sub-saharienne, qu’avec la prospérité des années 80.
            Chers invités,
Vivre ensemble implique que les personnes, croyants ou non, se trouvent à devoir affronter des tensions et des conflits, les différences existant du fait de la religion, de la race, du groupe ethnique, du sexe, etc.
            Le défi que doivent affronter aujourd’hui les chrétiens et les immigrants musulmans, qui en Europe sont appelés à conserver leur religion et leurs valeurs traditionnelles dans un milieu nouveau et hostile, est de découvrir des manières efficaces d’alimenter les convictions religieuses positives de l’acceptation, du respect et de l’estime à l’égard de ceux qui sont différents et de s’opposer à la manipulation de la religion tendant à promouvoir l’intolérance et le fanatisme.
                 Ici, à Pontevico, dans la Province de Brescia, L’Eglise catholique, les autorités politiques et civiles et l’Association « Cheikh Ahmadou BAMBA », qui milite pour un dialogue entre les hommes et les religions, jouent un rôle décisif dans l’éveil de la population aux besoins et aux droits des migrants musulmans, soutenant les causes justes des nouveaux arrivants, cherchant comment surmonter les barrières culturelles et réaliser une compréhension mutuelle et en luttant contre les préjugés et le sectarisme.
            « Nous, disciples de Cheikh Ahmadou BAMBA, sommes des militants de la paix nous fixant comme sacerdoce de toujours semer l’amour entre les hommes en tout temps et en tout lieu. Nous sommes et resterons des musulmans croyants et pratiquants ayant à l’esprit le respect et l’amour de nos semblables. Cela se traduit pour nous par le respect des croyances, des différences, des lois et des règlements en vigueur dans le pays d’accueil », ainsi s’exprimait Serigne Mame Mor MBACKE Mourtada, petit fils du fondateur du Mouridisme, lors de sa rencontre avec Son Eminence le Cardinal Jean Louis TAURAN, Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, à Rome, le 25 mars 2009.
             Et le chef religieux de poursuivre « Nous sommes convaincus qu’il est possible d’amener tous les hommes, du moins les croyants, à vivre en harmonie, en symbiose, s’aimer et non se tolérer, être solidaire et non se supporter. Pour nous, ce dialogue est plus efficace car plus humain et plus humaniste ».
Oui, le dialogue a un rôle important à jouer pour relever un tel défi.
Car, c’est un instrument chargé d’espoir qui a pour but de construire des liens durables de fraternité et d’estime mutuelle entre des groupes de foi différente, liens qui seront assez forts pour surmonter les pressions et les tensions pouvant naître ultérieurement.
             C’est à cette tâche ardue, mais combien exaltante, que s’attelle, depuis des années, la communauté mouride d’Italie, avec des résultats forts élogieux que les éminents orateurs qui m’ont précédé à cette tribune, n’ont pas manqué de relever, pour s’en féliciter.
Puisse-t-elle, sous la houlette de Serigne Mame Mor MBACKE Mourtada et de son sens du respect de l’autre et des différences, continuer à propager le vrai message de l’Islam qui est Paix – Amour – Solidarité.
              Permettez-moi, avant de terminer, de souligner qu’au Sénégal, qui a une majorité musulmane (95 % de la population), la convivialité entre croyants des diverses religions est une réalité. Les relations entre les dirigeants des deux communautés, chrétienne et musulmane, sont généralement bonnes. La société sénégalaise s’est intégrée à sa manière. A la campagne comme à la ville, chrétiens et musulmans se fréquentent et s’apprécient mutuellement.
             Cette tolérance, une des caractéristiques les plus essentielles de notre société est positive considération de l’autre et de sa différence, reconnaissance des apports de chacun au bien commun et respect de son semblable. Lors de sa visite au Sénégal en 1992, le pape Jean- Paul II, de vénérée mémoire, fut reçu par des chrétiens et des musulmans à Ziguinchor et également dans une mosquée à Dakar.
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